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Qui veut la peau de la Culture scientifique au coeur de Paris ?

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30/06/2025

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Il y a quelques semaines, je recevais sur mon mail une pétition de change.org qui m’incitait à signer en faveur du maintien du Palais de la Découverte au sein du Grand Palais rénové.

 

Il y a quelques semaines, la presse s’en était fait l’écho. Le Monde publiait plusieurs articles et même une tribune signée par une soixantaine de représentants d’institutions scientifiques internationales, pour lesquels « la fermeture ou la réduction de cette institution ne représenterait pas seulement une perte pour Paris et pour la France, mais pour l’ensemble de la communauté internationale qui défend l’accès ouvert au savoir et à la culture scientifique » ( Le Monde du 13 juin 2025).

 

Il y a quelques semaines que s’égrennent également les appels, les témoignages, les like, les partages, sur LinkedIn, le seul réseau que je suis.

 

Depuis quelques semaines se mobilisent donc scientifiques, partisans de la culture scientifique, amoureux et amoureuses du Palais.  Ceux et celles, vous et moi, qui ont découvert, enfant ou adolescent, et font découvrir, à leurs enfants et adolescents, les sciences fondamentales sous sa coupole enchanteresse et dans ses salles attenantes à travers démos et échanges avec chercheurs et médiateurs.  Ceux et celles qui se sont émerveillé(e)s, s’émerveillent toujours en visitant et revisitant le ciel, les planètes, les étoiles, assis, la tête levée dans son Planétarium.  

 

L’affaire a commencé il y a environ dix ans. En 2015. J’étais au Ministère de la recherche en charge de la coordination nationale de la culture scientifique, technique et industrielle (CSTI) auprès du Directeur général de la Recherche et de l’Innovation que je représentais au CA d’Universcience. A ce titre, je participais aussi aux réunions de préparation du projet de rénovation du Grand Palais. C’est dans une de ses parties attenantes, dans les locaux du Palais d’Antin, qu’est hébergé le Palais de la Découverte depuis sa création en 1937, par Jean Perrin, prix Nobel de physique, sous-secrétaire d’Etat à la recherche auprès de Jean Zay, ministre de l'Education ( et qui posa aussi les bases du CNRS).

Je participais donc aux réunions avec consigne du ministère de la recherche de soutenir clairement et sans aucune ambigüité le Président d’Universcience, Bruno Macquart, qui militait activement et passionnément auprès de sa tutelle principale la Culture pour que le projet de rénovation inclue et maintienne le palais de la Découverte. Il y fut aidé par un courrier adressé au Président de la République, rédigé et signé par des prix Nobel et des académiciens des sciences promoteurs de la Culture scientifique comme Pierre Léna. François Hollande signa la réponse qui affirmait sa décision formelle de maintien du Palais de la Découverte au sein du projet de rénovation.

Et curieusement, pendant les dix ans qu’a duré le projet, on a pu croire que la promesse serait honorée ! En dépit des changements, aucun des Gouvernements successifs ne la remit en question. Tout semblait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes de la culture scientifique possibles. Les collègues d’Universcience attendaient l’inauguration, prévue fin juin, du Palais rénové, rajeuni, modernisé donc numérisé aussi, mais conservant son âme : faire partager les sciences fondamentales avec des vrais médiateurs et des scientifiques vivants…

 

Jusqu’à ce 12 juin 2025. Ce n’était pas la dissolution du 9 juin dernier, mais ce fut tout de même un tsunami pour les collègues d’Universcience ! D’abord, le Gouvernement mit fin au mandat de Bruno Maquart par anticipation. Bon, il peut y avoir diverses raisons d’interrompre un mandat. Ca arrive.  Mais ici, son « limogeage ? » si c’en est un… a été assorti d’une mission d’inspection par les IG des Finances sur le modèle économique d’Universcience… Universcience comprend, je le rappelle, le Palais de la Découverte au cœur de Paris et  la Cité des Sciences et de l’Industrie à ses confins nord, dans les anciennes halles de la Villette.  Qui ont, elles aussi, un sérieux besoin de rénovation pour éviter que le ciel ne tombe sur la tête des visiteurs et pour mettre les bâtiments aux normes écologiques… - si tant est qu’il y en ait encore , des normes écologiques ?!

En attendant, paraît-il,  le rapport des inspecteurs, la Ministre de la Culture a décidé de surseoir à l’inauguration du Palais rénové, puis à le supprimer purement et simplement pour récupérer les espaces dédiés aux sciences à des fins commerciales, et, langue de bois oblige, pour en faire un lieu « Arts et sciences » … ça flaire bon la coupe budgétaire ?

Notre ministre de la recherche, lui, s’est heureusement prononcé en faveur du maintien des sciences fondamentales au sein du Palais… Le Président du CNRS, auditeur de la promotion Gérard Mégie, lui a emboîté le pas.

 

A ce jour rien n’est encore tranché.

 

Alors, que le gouvernement et la ministre de la culture le sachent, car je leur fais le procès d’intention que l’histoire n’est pas leur tasse de thé : les partisans et partisanes du Palais ne se démobilisent pas facilement et ne se payent pas de mots creux ni de langue de bois surtout en lieu et place de promesses qui n’ont pas été tenues. Ils savent maintenir la pression. Ils ont la ténacité des pit-bull pour défendre ce temple de culture scientifique, emblématique, historique, où les recherches fondamentales sont accessibles à tous.

 

Il m’a semblé que les auditeurs et auditrices actuels et passés de l’IHEST ne pouvaient passer à côté de l’information et pourraient aussi faire entendre leur voix. Nous sommes un institut de culture scientifique. Donc toute atteinte à la culture scientifique, quelle qu’elle soit, nous concerne. C’est pourquoi, si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à rejoindre les 80 000 personnes qui ont signé la pétition[1] pour que rien ne change des décisions prises il y a 10 ans, que le Palais de la Découverte retrouve sa place au palais d’Antin, au cœur de Paris, qu’il continue de jouer ce rôle symbolique et essentiel « pour inscrire la science au cœur de notre patrimoine commun »[2]. Car la science, avec ou sans les arts, c’est de la culture.

 

 

 

[2] Tribune des collègues internationaux dans Le Monde du 13 juin 2025

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